Baptême discount

Ceux qui ont les oreilles religieuses auront certainement entendu cette drôle de polémique : récemment, un prêtre a refusé de baptiser un nouveau-né.

Dans une France déchristianisée, cela peut paraître absurde. Comment un prêtre peut-il refuser un des rares baptêmes qu'on lui demande? Quelle mouche a donc piqué monsieur l'abbé Gérard Urvoy?
Pourtant, ce prêtre a eu raison. Nous allons vous expliquer pourquoi.

Ce brave curé de la paroisse de Saint-Jean-de-Boiseau, en Loire-Atlantique, s'est courageusement opposé à une religion-consommation. A un baptême social comme il y a des mariages-décoration. A un sacrement considéré comme un dû alors que la foi est un cheminement. Il s'est aperçu que la sœur ainée du bébé n'allait pas au catéchisme et il a dit NON. Il a dit NON à une maman, Delphine Chedorge, qui a choisi de ne pas donner d'éducation chrétienne à sa terrible fille de 9 ans pour ne pas s'opposer à sa "liberté de penser". A une maman qui a refusé ne serait-ce qu'une petite célébration d'éveil à la foi pour le petit frère de 7 ans parce qu'elle ne veut pas forcer ses enfants. Ce simple petit pas était "le bout de chemin que je demandais pour répondre à la demande de baptême", a confié le père Urvoy à La Croix.

Sur RTL, le prêtre précise "qu'on ne s'adresse pas à une paroisse comme on va faire ses courses au supermarché." Le baptême n'est pas un produit discount.

Bien-sûr ce refus est triste. Tout bébé a le droit d'être un enfant de Dieu. D'entrer dans la grande famille de l'Église et de recevoir l'Esprit-Saint. Mais il faut quand-même un minimum de volonté familiale. Si la petite fille avait lancé à sa mère un convaincant : "maman, je veux repeindre la moquette en jaune fluo", Madame aurait-elle acquiescé pour respecter la liberté d'entreprendre de la pitchoune?

Le baptême n'est pas un simple jet d'eau superstitieux. Dieu ne se trouve pas dans les rayons de chez Carrefour ou Leclerc. Il faut le chercher, le connaître, l'écouter. Si on ne fait rien de lui, l'Esprit de Dieu qui nous a été envoyé le jour de notre baptême s'ennuiera profondément dans notre âme et ne nous transformera pas.

Dans toute activité, la paresse est contreproductive. Trop souvent on passe sa vie à s'imaginer roi, riche, buvant des vins rares. Mais on ne fait rien. Et quand à l'aube de la mort, on se retourne, il est trop tard pour réagir.
De même, la foi est un talent qu'il faut faire fructifier dès aujourd'hui. Un chemin qu'il faut emprunter. Un rêve qu'il faut suivre et réaliser. Celui qui cherche Dieu l'a déjà trouvé.

1h de caté par semaine, est-ce si compliqué? 1h de messe par semaine, est-ce insurmontable?

Alors que nous passons notre vie à nous plaindre de mal-être, nous avons la flemme de consacrer 1% de notre temps à Dieu. N'est-ce pas étrange? On peut miser 1% de notre fortune dans un casino à probabilité de gain négative et ne pas oser s'abandonner 1% de notre temps dans une église à probabilité de joie positive.

"France, fille aînée de l'Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême", avait lancé Jean-Paul II en 1980 au Bourget. A quelques jours du Carême, réflechissons donc à ce que nous faisons de notre baptême ou de celui de notre enfant et n'oublions pas que l'amour de Dieu ne se reçoit pas, il s'accueille.

Comments

[culculbeni]

En effet, Dieu s'occupe aussi des non-baptisés, et nombreux sont-il à demander le baptème adultes! Pâques approche et la nuit de Pâques sera encore l'occasion de célébrer le baptème de nombreux cathécumènes adultes.
Cependant, pourquoi les parents veulent-ils pour leur enfant la liberté pour certaines choses mais pas pour d'autres.....est-ce ringard de baptiser son enfant?
Finalement, prenons la discussion dans l'autre sens: l'enfant aura tout autant la liberté de continuer à croire en grandissant s'il est baptisé! L'Esprit Saint sera déjà avec lui sur son chemin d'adulte!

[BeniOuiOui]

C'est vrai, grande question. Le sacrement sans suivi est-il un premier pas?
Oui mais Dieu s'occupe également des non-baptisés. Si les mormons baptisent les morts pour les sauver, je considère moi que tout un chacun peut être sauvé.
Le baptême est donc un choix volontaire, pour celui qui connaît Dieu, de Lui dire "oui". Si les parents disent "non" consciemment pour ne pas altérer la liberté de leur enfant, l'engagement est étrange. Mais au fond, tu as peut-être raison. Il faut laisser faire l'Esprit... tout en faisant réfléchir quand-même!

[Cochise]

J'hésite... Cette question ne peut être trop vite tranchée ; en cela elle me trotte dans la tête depuis bien longtemps sans qu'il me soit possible de prendre franchement parti, même si une autre voie me semble pourtant possible, et préférable. La voici :
En effet, je vous rejoins pour dire que le baptême n'est pas un produit discount que l'on peut s'offrir sans réflexion, avec impulsion. Oui, le baptême, qui permet au baptisé de recevoir la grâce sanctifiante, est bien davantage!
Néanmoins, puisqu'une fois le geste manifesté par le prêtre c'est Dieu qui s'occupe de tout, pourquoi ne pas au contraire donner à profusion les sacrements (tout en rappelant leur valeur profonde bien sûr)et répandre le plus largement possible les germes de l'amour? N'est-ce pas cela le vrai abandon au Seigneur ? Relisons Isaïe, 55,10-11. N'est-ce pas cela la vraie confiance en Dieu, même si au premier abord il semble que le sacrement soit "bradé"... ?

[beniouioui]

Oui, autrefois la tradition se transmettait. Il y avait donc au-delà de l'habitus une forme d'éducation, de connaissance. Aujourd'hui, les sacrements sont des produits sans connaissance. C'est pourquoi l'Eglise doit revenir sur le chemin de la transmission...
Et oui à 100% pour la curiosité! Etre curieux, c'est déjà sortir de soi et chercher quelque chose!

[abigail]

bien dit Beniouioui..
le baptême est avant tout un sacrement, un don..mais notre société hérité de décennies de traditions et de rites...Le baptême a longtemps été une tradition familiale très ancrée. Aujourd'hui la proposition faite par l'Eglise est différente. Elle va au coeur de notre foi...et ce n'est pas facile pour tout le monde de comprendre. Je demande donc un tout petit effort de compréhension, de dialogue, de curiosité même sur ce qu'est l'Eglise aujourd'hui..
Abigail