La Bulle du Bien

Alors que notre système financier lutte comme un zélote pour sa survie, les investisseurs avides de plus-values font chauffer leurs cerveaux cyniques à la recherche de la nouvelle bulle qui remplira leurs coffres-forts. Biotech, énergies alternatives, sécurité, tous les secteurs sont aujourd'hui sous le feu brûlant des regards perçants de jeunes diplômés jongleurs de tableaux Excel.

Compatissants envers ces travailleurs insomniaques, nous pouvons peut-être les aider - et par la même occasion aider l'humanité - en analysant pour eux les tendances lourdes de la société contemporaine.

Les années 60-70 connurent une longue période de remise en cause des valeurs fondamentales du monde occidental. Le froid ayant frigorifié  les idéalistes enfermés dans des bergeries et les drogues dures ayant rendu quelques jusqu'au-boutistes légèrement rachitiques, les années 80 décidèrent de remplir les ventres affamés. Et virent émerger l'ère de l'argent roi, la déification d'entrepreneurs sans foi ni loi, la fascination pour la célèbre famille Ewing de Dallas et l'horrible Gordon Gekko de Wall Street.

La chute de financiers célèbres à la fin des années 80 conjugée à l'arrivée à maturité des enfants de 68 entraînèrent la société occidentale dans l'ère de la psychologie. Pyschologie Magazine, Ca se Discute, Beverly Hills permirent aux jeunes adulescents des années 90 de réfléchir au difficile rapport entre les sexes, au développement d'un bonheur individuel, à l'éventualité d'un retour dans son petit cocon douillet.

Mais très vite, les années 2000 arrivèrent avec leur mondialisation extrême, l'échec patent de l'individualisme et la nécessité de s'ouvrir à l'autre. L'humanitaire devint un phénomène de mode, le religieux reprit du poil de la bête, l'écologie devint prépondérante. L'ère de l'engagement a creusé son nid et continuera de se développer dans les prochaines années.

Que pouvons-nous en conclure?

Que les produits/services qui répondent aux besoins immatériels de l'être humain sont des marchés d'avenir.

Que les consommateurs se tourneront de plus en plus vers des produits/services éthiques qui ont un impact positif sur leur environnement, vers des produits/services culturels qui leur offrent une espérance, vers des produits/services communautaires qui leur permettent d'interagir avec l'autre, vers des produits/services de bien-être qui les invitent à prendre de la hauteur.

Que la nouvelle bulle est la bulle du bien.

Réjouissons-nous, l'humanisme est un placement d'avenir.

La crise actuelle est peut-être d'ailleurs le point de départ d'une nouvelle forme de société. L'homme d'aujourd'hui ne cherche plus à être le roi du monde; il ne cherche pas non plus à améliorer son petit monde personnel; il veut changer le monde. Il a une pleine conscience du monde qui l'entoure et comprend qu'en améliorant LE monde, il améliorera son monde voire son être tout entier.

Espérons juste que cette bulle n'explose pas, s'installe et devienne le fondement d'une nouvelle société.