Des anges dans nos campagnes

Les goupies françaises sont en émoi; les ados peaufinent leur nouveau look; la toile pond des blogs de fans toutes les deux heures; les amateurs de musique se bouchent les oreilles; les vendeurs de T-shirt dilapident leurs stocks de Tokio Hotel; et les parents préparent les cadeaux de Noël. Un énième groupe de teenagers débarque en France : les Jonas Brothers. A une différence près...

Ils sont chrétiens.

Un qualificatif parmis tant d'autres, pourtant celui-là étonne vraiment. Comment des adolescents bien de chez nous pourraient-ils aduler des ariérés pareils? Les médias français sont bien perplexes. Perdus même. Pris par surprise, ils restent coi. Que Nick, Joe et Kevin plaisent à des américains dégénérés, passe encore. Mais que des françaises s'affolent pour des coincés qui lèvent les mains vers le Seigneur avant chaque concert et prônent la virginité avant le mariage, cela devient inquiétant.

Alors bien-sûr l'explication surgit au détours des articles. Le marketing. Soutenus par une maison de disque efficace, poussés par un Disney hégémonique, nos héros ne seraient qu'un produit de grande consommation. Un piège à ado qui s'envolera aussi vite qu'il est apparu. Et le pire, c'est que c'est sans doute vrai.

Néanmoins le débat n'est pas là. On se fiche de savoir si le groupe va durer ou s'il va révolutionner la musique contemporaine. Notre Top 50 actuel ne répond pas plus à ces critères que les frères Jonas. La vraie question est plutôt de savoir si les jeunes sont capables de se fabriquer des héros positifs.

Alors qu'aujourd'hui même George Michael combat encore et toujours contre la drogue et sent obligé de s'excuser devant ses fans, et que la Finlande fait face à une utilisation particulièrement dramatique de YouTube lors d'une nouvelle fusillade lycéenne, nous avons le devoir de réfléchir aux référents que la société propose à une jeunesse qui est par définition perdue, en recherche, en révolte, en construction.

Il y a quelques années s'était créé en France un drôle de groupe de "pop-louange". Glorious souhaitait chanter Dieu avec les mots, les rythmes et les sons de son époque. Un premier succès à la force du poignet, quelques aficionados, de timides successeurs ici ou là, beaucoup de critiques, trop peu de passages radios... et puis pfffuit. Le souffle est retombé.

La réponse à la question, c'est aux jeunes de la donner. Eux seuls peuvent démontrer qu'ils sont prêts à écouter des héros positifs. Mais quand ils le font, ce n'est certainement pas aux médias de les en empêcher.

"Si vous êtes ce que vous devez êtres, vous mettrez le feu au Monde entier", avait crié Jean-Paul II aux jeunes de Rome en 2000. La jeunesse est l'espérance du monde et quand bien même certains lui mettraient des bâtons dans les roues, elle réussira sa mission.