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BeniNews
18 octobre 2012

Emmanuelle ou la révolution du corps

affiche_film_emmanuelle_1974"Mélodie d'amour chante le coeur d'Emmanuelle..." 250, 300, 350 millions de spectateurs à travers le monde? Emmanuelle a été une révolution, une libération. Une libération?

Les ébats de la sublime Sylvia Kristel nous font sourire aujourd'hui tant l'érotisme d'antant nous parait maintenant enfantin. Pourtant l'histoire érotique de cette femme perdue et esseulée aux frontières de l'Orient fut le symbole de quelque chose. Une société qui avait besoin d'exploser. Un monde qui n'en pouvait plus de son carcan. Une humanité qui voulait retrouver sa nature. En 1974, les hommes et les femmes en pattes d'éléphant pensaient que leur nature était sexuelle.

Mais la libération des corps libéra-t-elle les coeurs? 

L'histoire de notre humanité est une succession d'orgies et de cloîtres. L'homme a du mal à gérer son corps. Tantôt il l'enferme, tantôt il le donne à qui veut. Dans tles deux cas, il perd son sens. 

A 21 ans, Sylvia était naïve. Sur le tournage, devant le photographe, elle se trouvait séduisante, se voyait en oeuvre d'art, comme un modèle pour un sculpteur. Et c'est vrai qu'elle était belle, Sylvia. De cette beauté ingénue qui offre le monde à la merveilleuse lolita. Elle faisait l'expérience d'une liberté tellement difficile à gérer. Lorsque sortit le film, les rues du monde entier se remplirent de photographes dont le regard artistique se muait en désir. Combien d'hommes ont tremblé en rêvant d'un avion vers Bangkok, d'un fauteuil en osier et d'une maison coloniale. De muse, elle devint fantasme et de fantasme, elle se retrouva objet. 

L'actrice que les réalisateurs cantonnaient à des rôles sexuels sombra alors dans l'enfer des relations complexes, de la drogue, de l'alcool et de l'abandon. Son corps s'était libéré mais son coeur souffrait. Parfois fière d'avoir été l'Emmanuelle du monde, parfois triste d'avoir été cette jeune fille naïve pas assez innocente. "J’en ai marre d’être une femme libérée, tous les hommes rêvent de moi, alors que moi, je ne rêve que d’un seul homme."

Entre le corps et le coeur, Sylvia n'est pas le sex-symbol d'une révolution. Elle fut finalement le symbôle de la recherche de tout être humain créé à l'image de Dieu. Cet homme qui est corps et coeur. Cet homme qui érotise pour mieux aimer. Dans une interview donnée au moment de la sortie du livre dans lequel elle raconte sa longue descente aux enfers (Nue), Sylvia se disait choquée par les clips de MTV, le regard que les médias portent sur la femme, la banalisation de la sexualité. Etre une femme libérée, c'est pas si facile...

Il y a toujours eu de l'art érotique, des nouvelles écrites et lues à la bougie, des images de seins dans les yeux pétillants des hommes. Emmanuelle est un maillon de plus dans cette longue chaine du désir. Mais sa banalisation en 1974 par d'étonnants censeurs fut le déclencheur d'une confusion entre l'amour et le fantasme, entre le sublime et le licencieux, entre le chaud et le moite. 

En 2010, Benoit XVI murmera un message éternel aux jeunes anglais :

"Je vous invite à mener une vie digne de notre Seigneur et de vous-mêmes. Chaque jour, vous êtres soumis à de nombreuses tentations - drogue, argent, sexe, pornographie, alcool - dont le monde prétend qu'elles vous donnent le bonheur. Mais ces choses détruisent et divisent. Il n'y a qu'une seule chose qui soit durable : l'amour de Jésus Christ pour chacun de vous personnellement. Cherchez-le, connaissez-le et aimez-le, et il vous rendra libres de l'esclavage d'une existence attrayante mais superficielle, souvent proposée par la société d'aujourd'hui. Laissez de côté ce qui ne vaut rien et apprenez votre propre dignité de fils de Dieu."

Ce regard spirituel sur le corps et le coeur peut sembler d'un autre temps alors qu'il est de tout temps. Lorsque je ferme les yeux et que j'y vois Emmanuelle, il y a peut-être la beauté des courbes. Mais il y a aussi l'esclavage de beaucoup de choses qui ont tant attristé Sylvia. Entre le sourire de 1974 et les larmes de la suite, il y a cette recherche inaboutie de son humanité. De sa dignité.

Je me dis alors que Benoit a raison. N'enfermons pas notre corps mais mettons Dieu dedans, dignement. Ne serait-il pas temps de faire un Grenelle des médias pour remettre au coeur de la société, la beauté du corps de l'homme?

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