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BeniNews
22 février 2012

Metanoia politique

Mecredi des Cendres. Depuis quelques heures déjà, le monde catholique est entré en Carême. Toute la journée, vous croiserez dans la rue des tas de gens se grattant le front pour effacer les cendres qui leur auront été imposées au cours de la messe. Vous serez alors appelés à prier pour eux et pour tous les autres qui sont appelés à emprunter plus profondément un chemin exigeant.

Ce chemin, c'est la metanoia. Une transformation. Une conversion. Dans son message de Carême, le pape Benoit XVI nous donne plusieurs pistes de metanoia. Il nous encourage notamment à "faire attention". 

"Faire attention"... Nos candidats aux élections présidentielles, nos dirigeants, nos managers, nous-mêmes là où nous en sommes, tous nous sommes appelés à "faire attention". Mais suffit-il comme François Hollande de se présenter comme le garant de la "justice" et de "l'égalité" pour "faire attention"? Pour nous aider à trouver la voie, le Psaume 85 nous chante un conseil : "amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent." Ainsi, nous comprenons que la justice est une conséquence de cette charité qui s'ancre dans la vérité de Dieu. 

Tandis que nous écoutons des beaux discours, il est important que nous gardions cette recommandation à l'esprit : nos pensées, nos actes, nos désirs de justice doivent s'ancrer dans la charité véritable. Je me suis déjà battu dans ce blog pour que certains ne confondent pas "aimer" et "faire plaisir", "justice" et "relativisme". Benoit XVI poursuit d'ailleurs cette idée dans son message de Carême beaucoup mieux que je ne saurais le faire : "la responsabilité envers le prochain signifie alors vouloir et faire le bien de l’autre, désirant qu’il s’ouvre lui aussi à la logique du bien ; s’intéresser au frère veut dire ouvrir les yeux sur ses nécessités."

La justice, la paix, la charité sont donc des chemins d'exigence absolue, car la Vérité de Dieu est exigeante. Elle est merveilleuse mais elle est exigeante. 

Durant ces quarante prochains jours de Carême, alors que la campagne électorale bat son plein, nous pouvons espérer que nos hommes politiques chercheront la metanoia. Qu'ils essayeront de se transformer humblement et de transformer les français. Qu'ils sortiront des idées convenues ou du flegme indifférent. Qu'ils auront le courage de viser toujours plus haut en vérité et en charité. 

Ce courage est une notion un peu perdue que le Carême peut remettre en selle. Car nous sombrons trop facilement dans le compromis. En observant les primaires américaines, je suis tombé sur de nombreux articles qui tentaient d'analyser le phénomène "Rick Santorum". Conservateur catholique convaincu, ses propos sur la religion, le mariage gay ou la contraception interpellent. Ils interpellent d'autant plus que Santorum, qui fait une excellente campagne de terrain, semble aujourd'hui un candidat sérieux à l'investiture républicaine. Mais au sein même de son parti, certains s'interrogent : ne va-t-il pas faire fuir l'électorat féminin? Est-il trop conservateur? Mettra-t-il de l'eau dans son vin? Le Nouvel Observateur cite ainsi un commentateur américain qui déclare : "Sa force, c'est qu'il est un vrai croyant. Mais le revers, c'est que lorsqu'on ne fait jamais de calcul politique, on fait des erreurs, on va trop loin dans ce qu'on dit et dans ce que l'électorat majoritaire est prêt à accepter. Il faudrait qu'il soit un peu plus discipliné." 

En France, nos candidats sont déjà trop disciplinés. On ne fait pas une élection pour plaire aux électeurs mais pour les aimer. Parfois même pour les soumettre à la "correction fraternelle" qu'évoque également Benoit XVI dans son message de Carême : "Je pense ici à l’attitude de ces chrétiens qui, par respect humain ou par simple commodité, s’adaptent à la mentalité commune au lieu de mettre en garde leurs frères contre des manières de penser et d’agir qui sont contraires à la vérité, et ne suivent pas le chemin du bien." Ils ne sont pas nombreux les leaders politiques à avoir su faire adhérer les électeurs à une metanoia. C'est beaucoup plus exigeant que de suivre le courant. Mais c'est beaucoup plus juste aussi.

Pour ce Carême politique, je souhaite aux uns et autres de ne pas hésiter à corriger fraternellement nos leaders ou futurs leaders pour qu'ils osent la metanoia de la charité et de la vérité. Tout n'est pas acquis, tout n'est pas perdu d'avance. Les opinions changent et évoluent. Et toujours, au fond de chacun, il y a un désir de charité véritable qu'il ne faut pas mettre de côté pour plaire mais au contraire faire pousser pour devenir meilleur.

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