La source du Nil est-elle claire?
TEST (11 février 2011) : la version podcast du blog !
Hier la Tunisie; aujourd'hui l'Égypte; et demain? Syrie, Jordanie, Yemen, Iran, Maroc, Pakistan?
Les révolutions populaires se suivent et se ressemblent. Elles provoquent l'engouement comme tout mouvement libérateur, comme toute révolte humaine, comme toute révolution technophile.
On nous parle de dictature, de libération, de twitter et de Facebook, de jeunesse, d'islam et de renouveau. Tout ça mêlé parait merveilleux mais on n'y comprend pas grand-chose finalement.
Ben Ali qui était loué autrefois par nos "spécialistes" est aujourd'hui honni par ces mêmes spécialistes. Moubarak qui était un fervent relais des occidentaux dans leur recherche de paix au Proche-Orient est devenu en quelques semaines une mauvaise fréquentation dont il vaut mieux se débarrasser.
Que va-t-il se passer?
Grâce à l'engagement historique du pape Jean-Paul II qui sera prochainement béatifié, l'Europe de l'Est a vu s'effondrer un terrible chateau de cartes à la fin des années 80. Toute une population recouvra la liberté. Certains en firent bon usage, d'autres se perdirent dans le nihilisme, la corruption, l'argent roi. C'est ainsi qu'en 2009, Benoit XVI osa poser cette question cruciale en République Tchèque : qu'as-tu fait de ta liberté?
Si le chemin qui conduit à la liberté est épique, grisant et fondamentalement beau, il ne faut jamais perdre de vue l'objectif ultime : faire de notre liberté, une route vers le Bien.
La Tunisie, l'Egypte et les pays qui vont certainement suivre le mouvement, sont à un moment crucial de leur histoire. L'histoire leur donne une nouvelle chance, celle de faire les bons choix. Le développement de l'homme intégral passe par la lutte contre la pauvreté, la liberté de pensée et d'expression, le développement économique et social, l'assise culturelle, l'engagement dans la paix. Aujourd'hui plus que jamais, ces pays et leurs populations ont un rôle à jouer dans l'inversion de la triste courbe que prenait le monde jusqu'à maintenant. La courbe de la haine et de l'obscurantisme doit laisser la place à celle de l'amour, de la paix et du développement.
Quelle place sera donnée à ces chrétiens d'Orient abandonnés par une Europe trouillarde dont les 27 ministres n'ont même pas osé se mettre d'accord sur un simple projet de déclaration commune prônant la protection des libertés religieuses dans le monde?
A quelle tentation religieuse succomberont des populations désespérées que "soutiennent" un président iranien qui a pourtant volé sa victoire électorale et réprimé toute opposition, et un Hezbollah libanais qui a réalisé dans les règles de l'art un coup d'état sournois avec l'aide d'une Syrie liberticide?
Quels pays suivront cette marche libératrice? Est-ce que la Syrie ou l'Iran (qui faillit basculer il y a deux ans) s'ouvriront?
Quelles attitudes seront prônées par les futurs dirigeants de pays qui sont au cœur de négociations de paix ou de guerre que le monde entier regarde le cœur battant?
Quel sens sera donné au mot "liberté" qui est sur toutes les lèvres lors des soulevements mais qui est trop souvent oubliés les années suivantes?
Bien-sûr, nous devons espérer que la chute de sombres régimes autoritaires et l'avènement de réformes libératrices conduisent cette partie du monde à se transformer, à s'ouvrir et à s'engager toujours un peu plus dans l'acceptation de l'autre et la charité.
Bien-sûr aussi, nous comprenons que certains voisins s'en inquiètent, ne sachant pas ce qui remplacera ces régimes et craignant qu'un loup remplace un chacal.
Comme Syméon dont l'Evangile du jour (Chandeleur, Présentation de Jésus au Temple) nous rappelle qu'il put "s'en aller mourir dans la paix" car il avait enfin vu de ses yeux le Seigneur, nous aimerions être soulagés et heureux parce que nous voyons le monde se libérer.
Mais l'homme est trop complexe pour que nous soyons naïfs.
Alors prions et espérons...