Gran Torino, un film de Carême

Oublié des Oscars, Clint Eastwood a pourtant été ovationné par les critiques françaises. Et pour cause : son dernier opus Gran Torino est une petite merveille. Une oeuvre magistrale. Un film de Carême.

Clint Eastwood y joue avec force, talent et conviction, Walt Kowalski, un vieil homme triste qui va suivre un chemin de transcendance.

Meutri par le décès de son épouse mais refusant le réconfort de l'Eglise; vénérant sa Ford Gran Torino 1972 mais pestant contre les "faces de citron" et autres "têtes de nems" qui ont eu la mauvaise idée de s'installer dans la maison voisine; sourd à ses enfants mais à l'écoute de son chien; sirotant des litres de bière mais toujours maître de la situation, Walt Kowalski va justement maîtriser une situation qu'il n'avait pas imaginée. En sauvant la peau de Thao et Sue, les deux adolescents de la famille hmong voisine, le vieillard raciste va devenir malgré lui la star du quartier, se transformer en père adoptif et tenter de racheter un péché qu'il avait du mal à confesser.

Gran Torino est un film de Carême, car il évoque une transformation comme celle que nous devons nous-même réaliser pendant 40 jours. Avant nous maugréions, après nous sourions. Avant nous critiquions, après nous aimons.

Gran Torino est un film de Carême, car il parle de transmission. La transmission du savoir, du savoir-vivre et du savoir-être que le vieux "polak" n'aura pas accomplie avec ses enfants mais qu'il accomplira avec ses voisins. La transmission de cette foi que nous oublions trop souvent et qui travaille tant l'intraitable libertarien.

Gran Torino est un film de Carême, car il traite de rédemption. La vie ne peut prendre son sens que si nous prenons conscience de nos péchés, que nous les confessons d'une manière ou d'une autre et que nous les transcendons. C'est d'ailleurs le principal message du Carême qui n'est pas sombre mais lumineux. Le Carême ouvre sur Pâques; la pénitence conduit à la résurrection; l'épreuve surmontée élève à la sainteté.

Si on veut rire, pleurer et réfléchir, il faut courir voir le grand Clint qui n'a rien perdu de son flegme viril de l'Inspecteur Harry (Dirty Harry); faire vrombir le moteur de sa Gran Torino; et se rappeler pendant 1h55 des 40 jours du Carême.

Notre nouvelle mission : nous avouer que nous devons changer.

Comments

[Cochise]

Mise en perspective fort intéressante!
J'ai aussi trouvé cette conversion du regard et de la personne tout entière assez fascinante. Allez-y, Wally fait le show!