L'église au milieu du village
Après une enquête sur le terrain de plus de 5 ans, Didier Lapeyronnie, professeur de sociologie à la Sorbonne, décrit la terrible situation dans les banlieues françaises dans un ouvrage au titre effrayant : "Ghetto Urbain".
Ségrégation et discrimination raciale, accroissement du chômage, formation d'une organisation sociale spécifique, sexisme et ultra-violence, pauvreté extrême, sont autant d'éléments observés qui conduisent l'auteur à parler de "ghetto".
"Ghetto", le terme est si lourd de significations que le pas franchi mérite une attention particulière.
Lorsque la Marseillaise fut copieusement sifflée au Stade de France, je pensai à la délicieuse phrase de George Bernard-Shaw :" être patriote, c'est croire que votre pays a raison parce que vous y êtes né."' C'est vrai ça, pourquoi notre pays devrait-il toujours être aimé? Et puis, me revint en mémoire une autre phrase. Une citation de Jean Jaurès : "A celui qui n'a rien, la patrie est son seul bien." Dans leur "ghetto", certains jeunes n'ont rien. Même plus de patrie...
Alors comment ressuciter des jeunes desespérés? C'est évidemment une question complexe à laquelle BéniNews ne prétend pas apporter de réponse miracle. Juste une réflexion.
Et si ces "ghettos" s'étaient formés par manque de structures intermédiaires?
Depuis quelques dizaines d'années, de joyeux libertaires nous poussent à rompre avec nos habitudes, nos traditions, nos "enfermements", nos dépendances, nos croyances, nos valeurs. Avec l'espoir de nous libérer. Mais comme cela est répété à longueur d'articles dans ce petit blog, l'exercice de la liberté ne peut se fonder que sur un socle stable qui pousse vers quelque chose de plus grand, de transcendant.
Ce socle n'est pas inné. Il ne sort pas du chapeau d'une absurde anarchie magicienne. Les structures intermédiaires capables d'offrir un cocon en période de crise, de guider sur un chemin d'espérance, de construire une morale, d'apprendre à vivre en société, d'appuyer les plus nécessiteux, sont redevenues indispensables. Alors que certains veulent interdire aux cloches de sonner, il est temps de remettre l'église au milieu du village.
Ecole, mais l'Education Nationale campe sur ses positions. C'est au sein de l'école que l'Etat doit proposer les valeurs qui forgent la nation. C'est à l'école que l'enfant apprend à raisonner. La raison est le cadeau fait à l'homme pour que sur son chemin de liberté, il marche vers le Bien.
Communautés locales, car le village est le premier maillon d'une longue chaîne de solidarité, d'amitié, d'échange. Le village raconte l'histoire et édifie des traditions. Le village est un lieu de la vie.
Famille, car la famille est le lieu de l'amour, du respect, de la tendresse, de l'éducation à la vie. L'enfant n'est pas un droit et il impose des devoirs. Le couple n'est pas une simple association de malfaiteurs, il est une communion d'amour. L'Etat ne devrait pas baisser les bras avec la société, il devrait promouvoir.
Eglises, car les églises sont des institutions structurantes. En apportant la foi, elles apportent un ami; en offrant l'espérance, elles offrent des perspectives; en imposant la charité, elles imposent l'ouverture aux autres, l'amour et la solidarité. Obama ne s'y est pas trompé, lui qui propose d'étendre les "faith-based initiatives" s'il est élu.
A tous les niveaux, nous pourrions changer un peu, beaucoup voire passionnément notre monde en ouvrant notre cocon à l'Autre dans des petites communautés d'amour.